Time which does not pass – excerpts of the play Point Zero by Claudia Munyengabe
Avertissement
Ceci est un extrait d’une très longue pièce de théâtre, écrite depuis l’existence du premier burundais sur le territoire jusqu’à nos jours.
Aucune mise en scène n’est exigée. Aucun comédien. Aucun costume. Aucune scène. Pas de lumière, ni de décor, pas de rideaux ni d’accessoires. Pas de date de représentation puisqu’elle n’est pas finie. Pas de lecture publique non plus.
Elle ne pourra être jouée que par le concerné : le public
Le nombre de personnages peut aller jusqu’à 12 119 000 dans un espace de jeu de 27 834 km⸊ à condition qu’ils prestent Avec un masque pour casher leurs vrais visages, il ne faut surtout pas qu’un vrai visage soit confondu avec une vrai parole.
Elle reste une pièce de théâtre malgré tout, elle ne fait que sublimer la réalité.
…
SCENE 1
Des miroirs partout
X : Regarde-moi
Me reconnais-tu ?
Regarde-moi
Touche-moi
A quoi je ressemble ?
A qui je ressemble ?
Qui est ce que je te rappelle ?
Aucun souvenir ?
Regarde-moi
Scrute-moi détail par détail
Orteil par orteil
A qui je ressemble ?
A quoi je ressemble ?
A rien dis- tu ?
A tout dis-tu ?
Regarde-moi
Touche-moi
Dis-moi que toi au moins tu me reconnais
Pas nécessairement mon nom
Juste l’espèce
Regarde-moi
Touche-moi
Me reconnais tu ?
Non ?
Regarde-moi
Me reconnais-tu ?
Regarde-moi
N’aie pas peur
Y : regarde-moi
Touche-moi
Me reconnais- tu ?
Regarde
X : regarde
Y : regarde
X : je ne regarde plus
Je vois
Y : je ne sens plus
Je vois
X : je vois le temps passer
Y : je laisse passer le temps
X : je regarde les poubelles se vider
Y : je vide les poubelles
X : je vois et je ne dénonce pas
Y : je suis l’observateur
X : l’observateur
Y : sur la chaine de quotidien
Dans un style d’animateur de radio
Mesdames et messieurs bienvenu dans notre talk
Vous devez répondre à la question suivante en toute simplicité et d’une façon claire
Et si la guerre éclatait ?
Nous attendons la guerre, mentale, physique ou commerciale
Une guerre qui ne tue pas.
Celle qui décime avec tendresse, une magnificence d’une guerre de paix et de repos
Mourir c’est aussi se reposer.
C’est l’âme qui se repose.
L’âme dit au corps, assez tu t’es assez reposé laisse-moi en profiter aussi.
Sauf qu’avec l’âme c’est un repos éternel
Pour ceux qui croient bien sûr.
Encore faut-il croire ! !
Nous attendons donc
Paisiblement cette paix qu’on appelle guerre.